LE CHRISTIANISME TRADITIONNEL — Vérité ou tromperie?

 

CHAPITRE 2

 

LE CHRISTIANISME PRIMITIF
ET
LES EPOQUES CONSECUTIVES

 

Dans l’histoire de l’Eglise, les différents âges qui suivirent le christianisme primitif sont amplement décrits. C’est pourquoi, dans notre exposé, nous nous occuperons aussi brièvement que possible de ces différentes époques. La durée de ces âges peut être approximativement divisée ainsi: Le temps de l’Eglise primitive jusque vers l’an 100 p. Ch.; l’époque suivante est celle de l’âge post-apostolique, qui commence au deuxième siècle et se développa jusqu’au Concile de Nicée (325); puis c’est l’établissement de l’église d’Etat dans l’empire romain; puis une période allant jusqu’au moyen-âge; ensuite apparaît la Réformation qui apporte un nouveau commencement; après cela viennent les divers mouvements de réveil, l’introduction du Plein Evangile et enfin le rétablissement de l’Eglise dans son état originel, lequel précède le retour de Christ.

Les divers exposés sur l’histoire de l’Eglise ne présentent entre eux aucune image uniforme. Beaucoup ont émis des suppositions qui, par la suite, sont devenues des légendes, rapportées par d’autres comme des faits déjà réalisés. En plus de cela, il est clair que pour un historiographe orienté vers le catholicisme les choses apparaissent tout autres que pour celui de tendance protestante.

Une vue d’ensemble sur chacune de ces époques en particulier et sur son développement propre est nécessaire pour pouvoir tirer une comparaison avec le christianisme primitif. Ce n’est que de la bouche des apôtres que nous avons reçu la “doctrine des apôtres”. Un écrit, qui fut découvert en 1873 dans un couvent et publié dix ans plus tard, et que l’on supposait avoir été rédigé entre les années 80 et 120 p. Ch., a été arbitrairement appelé “Symbole des apôtres” ou “Didache”; cet écrit n’a véritablement rien de commun avec l’enseignement des apôtres du Seigneur Jésus. Il en est de même en ce qui concerne le “Credo apostolique” dont on a délibéré et que l’on a préparé au 4ème siècle seulement lors de différents conciles: cela ne peut pas être attribué aux apôtres. C’est de cette manière que prirent involontairement naissance les falsifications et les altérations de la Parole de Dieu qui furent cependant considérées comme vraies. C’est uniquement dans le livre même des Actes des apôtres, ainsi que dans les épîtres écrites par les apôtres, lesquelles sont contenues dans le Nouveau Testament, que nous trouvons la vraie doctrine apostolique. Ceux-ci étaient des hommes ayant entendu la Parole de Dieu de la bouche même de leur Seigneur, et ils L’ont transmise selon Son ordre. Par eux l’Eglise du Nouveau Testament a reçu la pure Parole de Dieu, la Parole non falsifiée, Laquelle seule porte le Sceau divin.

Paul, qui avait été appelé d’une manière surnaturelle pour être destiné à être un instrument choisi, avait été adjoint aux apôtres primitifs par le Seigneur Lui-même. C’est lui qui, sur la base d’une mission directe reçue du Seigneur, pouvait dire: “Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce qu’aussi je vous ai enseigné…” (1 Cor. 11.23). Il a écrit la plus grande partie de toutes les épîtres, c’est-à-dire exactement 100 chapitres contenant 2325 versets, alors que, par exemple, Pierre n’a écrit que 8 chapitres avec 166 versets. Paul avait reçu l’Evangile de la même manière que les prophètes avaient reçu la Parole: par révélation (Gal. 1.11,12). C’est pourquoi l’avertissement qu’il nous donne dans Galates 1.8 nous pénètre jusqu’à la moelle des os: “Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème”. Ce qui n’est pas en accord avec l’évangile primitif des premiers apôtres se trouve sous la malédiction. De ce point de vue-là c’est réellement à un christianisme faussé que nous avons à faire, lequel se trouve donc sous la malédiction; c’est cela que les critiques avaient sous leurs yeux lors de leurs exposés.

Les quatre évangélistes rendent témoignage du Sauveur. Ils décrivent Sa vie, Son action, de Sa naissance jusqu’à Sa mort, Sa résurrection et Son Ascension. A ce sujet les synoptiques des évangiles de Matthieu, Marc et Luc, en se complétant l’un l’autre, nous donnent une vue d’ensemble. Par contre, Jean ne s’occupe ni de Bethléhem, ni de la généalogie, mais il fait un “vol en hauteur”, et dès le premier verset du 1er chapitre il montre tout de suite qui est véritablement Christ. Les quatre Evangiles donnent une vue d’ensemble du salut que Dieu a accompli en Christ ici sur terre. Les quatre évangiles sont dignes de foi parce qu’ils nous ont été laissés en partage par des témoins oculaires, lesquels ont également entendu de leurs propres oreilles ce qui a été dit (2 Pier. 1.16-18; 1 Jean 1.1-3).

Les Actes des apôtres nous présentent en premier lieu comment l’Eglise primitive a été fondée de manière surnaturelle par l’effusion du Saint-Esprit (chap. 2). Il s’agit là réellement d’un événement qui vient du Ciel. Dans sa première prédication, l’apôtre Pierre, rempli du Saint-Esprit, annonce de la part de Dieu à ceux qui veulent devenir croyants la nécessité d’une repentance, d’une conversion, d’un baptême biblique dans l’eau (v.38), et d’une même expérience que celle faite par les 120: celle du baptême de l’Esprit. Il leur dit de la part de Dieu: “… car à vous est la promesse et à vos enfants, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à lui” (v.39). Dieu seul sauve et ajoute à Son Eglise, par le Saint-Esprit, ceux qui deviennent croyants (Actes 2.47).

L’Eglise primitive était formée de personnes ayant réellement fait une expérience avec Dieu. Ceux qui étaient devenus croyants furent baptisés dans l’eau, puis d’une manière surnaturelle dans le Saint-Esprit, afin qu’ils deviennent des membres d’un seul Corps (1 Cor. 12.13). Ils étaient munis des dons de l’Esprit (1 Cor. 12.7-11), ils portaient les fruits de l’Esprit (Gal. 5.22,23). Ainsi, de même que Dieu avait en Christ un corps comme temple, dans lequel Il habitait et par le moyen duquel Il agissait, ainsi l’Eglise primitive, composée de la troupe des rachetés, formait le Corps du Seigneur (1 Cor. 12.12) dont Il était la Tête (Col. 1.18) et qu’Il employait afin de continuer Son ministère. Jésus dit: “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie” (Jean 20.21). Afin que les multiples tâches de ce Corps puissent être réalisées, Il établit dans l’Eglise des apôtres, des prophètes, des pasteurs, des docteurs et des évangélistes (Eph. 4.11).

Dans le christianisme primitif il n’y avait pas de dignitaires. Il y avait seulement des hommes dignes de la haute vocation à laquelle ils avaient été appelés, et qui accomplissaient leur ministère sous la direction et l’inspiration du Saint-Esprit. Les premiers chrétiens ne connaissaient pas de clergé ni de prédicateurs fonctionnaires, mais au contraire c’était l’ensemble de l’Eglise des rachetés nés de nouveau qui était une sacrificature royale et un peuple saint (1 Pier. 2.9; Apoc. 1.6). Les cinq ministères que nous venons de mentionner ne limitent pas leur activité à une église locale mais ils sont destinés à l’ensemble de l’Eglise. Les dirigeants des églises locales, c’est-à-dire les surveillants ou anciens prenaient soin des églises locales, souveraines. Ceux qui parmi eux avaient la direction étaient appelés évêques et devaient être mariés (1 Tim. 3.1-7; Tite 1.5-8). Il y avait même des assemblées locales avec plusieurs évêques, c’est-à-dire avec plus d’un ancien pour diriger l’Eglise (Phil. 1.1). Ceci est en accord avec Jacques 5.14 où il est écrit que lorsqu’un croyant tombe malade, celui-ci doit faire venir les anciens de l’église. Lorsque Paul et Barnabas vinrent à Jérusalem, ils y furent reçus par l’assemblée des apôtres et des anciens (Actes 15.4). Dans le christianisme primitif régnait encore cet ordre divin de l’Eglise.

Pour prendre soin des tâches pratiques de l’église locale, des diacres avaient été nommés, lesquels devaient être également mariés (1 Tim. 3.8-13). Ceci était nécessaire pour que les évêques et les diacres puissent, par leur expérience pratique, conseiller et aider les membres de l’assemblée à s’en sortir dans leurs divers problèmes conjugaux et familiaux. L’Eglise primitive ne connaissait pas du tout la fonction d’évêque telle qu’elle est exercée aujourd’hui. D’après 1 Timothée 3.15, l’Assemblée du Dieu vivant, fondée par Christ, est le fondement ainsi que la colonne, c’est-à-dire l’élément qui soutient la Vérité. Ni des interprétations particulières, ni le mensonge et la fausseté n’ont en aucune manière de place en Elle. C’est au travers d’Elle, en tant qu’institution divine sur la terre, que la volonté de Dieu devrait être faite sur la terre comme dans les Cieux.

Dans le premier temps qui suivit la fondation de l’Eglise du Nouveau Testament, on trouvait en Elle la pure proclamation de l’Evangile, les doctrines bibliques et la pratique de la Parole exercée par les apôtres. L’Eglise primitive était un organisme imprégné de la Vie de Christ et conduit par l’Esprit; c’est-à-dire qu’elle n’était pas une dénomination organisée.

Plus tard, Paul et les autres apôtres eurent déjà à s’expliquer avec des docteurs qui apportaient l’hérésie, ainsi qu’avec des séducteurs. Dès lors commença un développement pluraliste. Plusieurs courants spirituels progressèrent parallèlement et simultanément. L’un d’eux était composé de véritables croyants dirigés par la Parole et l’Evangile de Dieu tels que les apôtres établis par Dieu avaient apportés, et qui vivaient ces choses dans la pratique de chaque jour. Jean le confirme par ces paroles: “… celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas; à cela nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur” (1 Jean 4.6).

Les autres orientations de foi consistent en un mélange de vérité et d’interprétations propres, mélange qui tourna plus tard en doctrines. De tels hommes sont désignés par les Saintes Ecritures comme de “faux frères” qui s’introduisent dans le ministère sans avoir reçu un appel divin. Paul le résume ainsi: “… et cela à cause des faux frères furtivement introduits, qui s’étaient insinués…” (Gal. 2.4). C’étaient des hommes qui annonçaient un autre Jésus, qui avaient reçu un esprit différent et prêchaient un évangile différent (2 Cor. 11.4). Pierre met en garde les croyants contre les faux frères qui introduisent furtivement des enseignements de perdition (2 Pier. 2.1-3). L’apôtre Jude s’exprime ainsi sur cette tendance par ces paroles: “Malheur à eux, car ils ont marché dans le chemin de Caïn, et se sont abandonnés à l’erreur de Balaam pour une récompense, et ont péri dans la contradiction de Coré” (Jude 11). Les faux frères ont faussé la Parole, ceux qui se sont trompés ont conduit dans l’erreur. C’est ainsi que les différentes orientations religieuses sont apparues.

Jean voit, en ces courants qui s’écartent de la Parole, le commencement du mouvement antichrist. “Anti” signifie “contre” et par conséquent tout ce qui n’est pas en accord avec Christ et Sa Parole est contre Lui, et par là même est “antichrist”. Il écrit: “Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous; mais c’est afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant aucun d’eux des nôtres” (1 Jean 2.19). Paul appelle de telles gens des “loups cruels” (Act. 20.28-30). Dans Apocalypse 2.2 il est dit des croyants véritables qui étaient capables de discernement: “… et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs”. Comment pouvaient-ils éprouver à coup sûr et constater que ces hommes se prétendant apôtres ne l’étaient pas? C’est en vérifiant s’ils prêchaient ce que Pierre et Paul avaient prêché. Ce qui est à éprouver doit toujours l’être en le comparant avec la prédication et la pratique apostoliques, lesquelles sont la seule échelle de référence valable. Donc la question se posait déjà en ce temps-là de savoir quelle était la Vérité, et quelle était l’erreur.

Dans les passages bibliques que nous venons de citer, il est clairement question de bifurcations, de faux courants religieux se développant parallèlement à la foi de l’Eglise de Jésus-Christ. Avant la fin du premier siècle il y avait déjà différentes fausses doctrines et du mélange; les uns se tenaient à l’enseignement de Balaam, les autres à la doctrine des Nicolaïtes, d’autres encore écoutaient une femme désignée du nom de Jésabel, laquelle prétendait être prophétesse et enseignait (Apoc. 2.20).

Afin que nous sachions exactement ce qui est juste, la pure doctrine des apôtres nous a été laissée en héritage dans les Saintes Ecritures. On y trouve mentionnées également les diverses doctrines introduites par des personnes non autorisées. L’injonction: “Eprouvez toutes choses” (1 Thess. 5.21) est encore et toujours valable. Beaucoup se sont approprié cette Parole, mais dans la pratique ils ne l’emploient pas correctement. Ils ont éprouvé les autres selon le niveau de leur propre connaissance, selon le point de vue de leur propre doctrine et pratique, et ce faisant ils ont complètement perdu de vue qu’auprès de Dieu il y a une seule échelle des valeurs capable d’éprouver toutes choses, et qui peut être employée en toutes circonstances. Cette échelle est le témoignage complet de la Parole de Dieu, qui se trouve être la Bible.

Au 2ème siècle, les diverses orientations religieuses se développèrent à côté de l’Eglise du Dieu Vivant, Laquelle croit et agit pour toujours de la manière dont Christ l’a enseigné au travers des apôtres. Les enseignements qui avaient déviés de la Parole devinrent de plus en plus en vogue. On avait élargi le chemin étroit ainsi que la porte étroite. Chaque tendance religieuse s’efforçait d’appeler à soi le plus grand nombre de membres possible, comme c’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui. Cependant cette promesse est toujours valable pour la véritable Eglise de Jésus-Christ: “Ne crains pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume” (Luc 12.32). Les brebis du petit troupeau ne prennent garde qu’à la voix du Bon Berger, Celui qui a donné Sa vie pour les brebis; c’est-à-dire qu’elles ne prennent garde qu’à Sa Parole. Cette “ecclesia” a été de tout temps la petite troupe de ceux qui ont entendu l’appel à sortir de la confusion et qui suivent le Berger sans compromis.

Dans les temps post-apostoliques s’élevèrent Polycarpe († 155), lequel avait encore cheminé avec l’apôtre Jean, ainsi qu’Irénée († 202), un disciple de Polycarpe, lesquels se distinguèrent comme défenseurs de la vraie foi. Cependant, en examinant les choses de plus près, on voit qu’il ne s’agissait déjà plus exclusivement de la publication du pur héritage de la foi apostolique primitive. On peut voir clairement que, de l’organisme divin de l’Eglise primitive, le pas vers l’organisation humaine avait été fait.

Le développement de cet âge jusqu’au concile de Nicée en 325 p. Ch. est contradictoire. Vu uniquement de l’extérieur, le christianisme dégénéré se propagea toujours plus, sous toutes ses formes, jusqu’à être reconnu par l’Etat du temps de l’empereur Constantin, de telle manière qu’il devint alors une puissance qui était à prendre au sérieux dans l’empire romain tout entier. La foi devint une nouvelle philosophie. Les traditions orientales, mélangées avec la culture helléniste, diluèrent fortement la substance de la foi primitive. Les controverses sur ce qu’on appelle la “christologie” entrèrent en lice et agitèrent les âmes.

 



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